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{fini} Plaidoiries sur les remparts

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MessageSujet: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyMer 1 Déc 2010 - 18:59

Même pour un Cyclope, les remparts de Thèbes représentaient une merveille d’architecture, une œuvre d’art créé par les jumeaux Amphion et zethos qui défie le temps et les potentiels ennemis de la cité, un simple mur qui ferait pâlir de jalousie certaines constructions cyclopéennes. Brontès aimait arpenter ces remparts, il avait parcouru tellement de fois l’édifice qu’il pouvait nommer chaque pierre qui en composait sa structure, il pouvait même dire le nombre de nids d’hirondelle qui se logeait dans les creux de cette muraille.

Aujourd’hui était un jour que l’on pourrait qualifier de faste, Brontès s’était installé à l’ombre d’une guérite, ce n’est pas que les rayons du soleil lui étaient néfastes, la chaleur bienfaitrice de l’astre diurne était l’équivalent d’un suçons fait pas la bouche d’une femme sur sa peau, comparé à la fournaise des entrailles de l’Etna. Brontès aimait tout simplement ce point de vue qui lui permettait de contempler les oliviers en fleurs à l’extérieur de la cité aux sept portes et l’agitation continue des citadins.

Parmi les fils de Thèbes il y en avait que surveillait particulièrement le forgeron, un va-nu-pieds nommé Panos, un homme à peine sorti de l’enfance, il n’avait pas encore connu le plaisir de se réveiller dans les bras d’une femme autre que sa mère. Aux des yeux du commun des mortels le candide passait pour un homme banal, mais le regard perçant de Brontès a pu déceler en lui une parcelle des restes de Pandore.

Le forgeron d’ailleurs était préoccupé, cela faisait près d’une semaine que le jeune Panos semblait avoir disparu, lui serait il arrivé malheur, ou était il simplement en voyage, des milliers de questions qui restaient sans réponses, jusqu’à ce qu’il aperçoive enfin le jeune thébain marchant dans une allée de la cité .Cette apparition décrispa le visage naturellement fermé du Cyclope et lui arracha un fugace sourire, mais quelque chose inquiétait l’immortel, la lueur de fierté qui éclairait le regard de Panos semblait avoir été remplacé par l’ombre de la folie, comme si la démence ait obscurci d’un long voile noir les espérances de l’immortel .

Un frisson inhabituel et désagréable parcourut l’échine du fils de Gaia, une sensation étrange qu’il n’éprouvait qu’en présence divine, qui cela pouvait bien être : Dieux, Titans. D’un geste brusque et rapide, Brontès empoigna son marteau de forgeron, cadeau d’Héphaïstos dieu du feu dont il ne se séparait jamais et sorti de l’abri en quête de la présence surnaturelle.

Il n’eut pas longtemps à chercher car en face de lui à une distance d’environ dix pas se tenait celle qu’il pouvait nommer sœur : Tisiphone la vengeance, l’ainée des bienveillantes, elle aussi scrutait avec attention la foule .Brontès connaissait la vindicative mission des Érinyes, il plaignait le pauvre inconscient qui avait commis le crime de sang, mais en suivant le regard de la déesse Chtonienne, le forgeron constata avec horreur que l’objet de son attention était le jeune Panos.

Comment, pourquoi et quand le jouvenceau aurait commis l’irréparable, Brontès pour l’avoir observé durant de longues heures savait qu’il devait y avoir une bonne raison à tout cela, il devait persuader l’Erinyes de lui accorder sa clémence, aussi improbable que cela puisse paraître. Lentement le Cyclope se rapprocha de sa sœur et la salua avec sa voix tonitruante.

« Mes hommages, Tisiphone, tu honore Thèbes de ta divine présence en ce jours si ensoleillé »

Le forgeron accompagna ses paroles en posant un genou à terre et en courbant la tête, il avait disposé son marteau latéralement face a la déesse.

« Le voyage depuis le monde du dessous a du être éprouvant, voudrais tu partager avec moi une coupe de vin, a l’abri des rayons du soleil.»

Toujours un genou sur le sol, Brontès désigna la guérite qui abritait une besace en peau de mouton, le sac contenait une amphore de vin au gout mielleux, ainsi que deux coupes en métal crées de ses propres mains, il lui arrivait souvent de partager de partager son vin avec les gardes qui occupaient la loge, curieusement aucun soldat ne prit son poste aujourd’hui.

Brontès attendait dans l’angoisse que la déesse lui réponde favorablement, mais contrairement a lui Tisiphone avait hérité du rang de divinité alors que lui n’était qu’une aberration que même son père avait renié, est-ce qu’une déesse accepterait de boire une coupe en compagnie d’un cyclope, Brontès en doutait.



Dernière édition par Brontès le Lun 6 Déc 2010 - 23:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyMer 1 Déc 2010 - 23:30

En cette splendide journée, Apollon avait décidé de gratifier la cité thébaine de toute la chaleur et la puissance de l’astre céleste accroché à son chariot. La ville était resplendissante. Un peu trop lumineuse au goût de la déesse plus accommodée au monde souterrain. C’était un temps à faire sortir les foules, et haut perchée sur les remparts, Tisiphone scrutait la foule qui déambulait de façon désordonnée sur la Grand-Place de Thèbes. Dominant la ville, la déesse était accoudée nonchalamment à un parapet, occupée à manger du raisin.

Elle avait l’air parfaitement détachée du monde qui l’entourait, comme indifférente, perdue dans ses propres rêveries de promeneuse solitaire. En réalité, quiconque aurait plongé son regard dans celui de l’Erinye aurait pu y voir vaciller les dangereuses flammes de la vengeance. Si son regard était fixe, c’était bien parce qu’elle avait sa cible en vue et ne comptait pas la lâcher du regard. De toute façon, elle pouvait le sentir. L’odeur de son crime était comme imprégné à sa peau. Rien ne pressait pour l’instant, elle se contentait de le suivre des yeux, de l’étudier, de savourer cet air d’innocente naïveté qui deviendrait sous peu la mine fiévreuse du criminel à demi-fou, tourmenté par sa conscience, tourmenté par la déesse vengeresse qui lui ferait regretter son geste.

Tisiphone entendit des pas s’approcher et se retourna prestement en entendant retenir la voix du cyclope. Ce n’était pas de la superbe, mais juste ses réflexes habituels, qui la gardaient toujours aux aguets, quelle que soit la situation.


- Brontès, fils de la Terre et maître des forges, le salua-t-elle à son tour avec l’esquisse d’un sourire.

Si elle n’appréciait pas beaucoup la compagnie des autres divinités, elle appréciait celle de ce qu’Aphrodite avait appelé « les monstruosités », ou « créatures difformes » selon Héra, de ces êtres qui bien qu’issus des dieux n’avaient pas l’arrogance ni des Titans ni des Olympiens qui voulaient les uns comme les autres dominer le monde. Elle ne se mêlait point de toutes ces affaires qu’elle jugeait triviale, préférant de loin remplir la tâche qui lui avait été confiée. Cette condition de « monstrueuse » avait valu un sérieux complexe d’infériorité à nombre d’immortels, et d’autres avaient l’avoir acceptée avec résignation et déférence.

Tisiphone vit Brontès s’agenouiller et poser son marteau à ses pieds comme un vassal aurait posé un tribut aux pieds de son seigneur. Choquée de cette attitude que l’on n’avait jamais eue à son égard dans un tel contexte, la déesse exhorta le cyclope à se relever.


- Redresse-toi, fils de Gaïa, un tel protocole est ridicule. Je n’ai jamais prétendu être un de ces dieux arrogants perchés sur leur montagne qui nous regardait de haut. Partageons ce breuvage comme les égaux que nous sommes.

Ils s’installèrent à l’ombre de la guérite, dans laquelle se trouvait une vieille table en bois et trois chaises. Il s’agit d’une salle de garde désertée de ses plantons probablement en patrouille plus loin sur le rempart, voire ailleurs, dans les bras d’une quelconque maîtresse.

- Qu’attends-tu de moi aujourd’hui pour faire tant de manières ? Demanda-t-elle alors, une fois installé, en mettant les pieds dans le plat.

Etre franche et directe était une de ses qualités. Elle ne se donnait pas la peine d’y aller par quatre chemins et n’était pas aussi experte que les grands dieux en prose prolifique chargée de tours et de détours.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyJeu 2 Déc 2010 - 19:35

La demande de Tisiphone fut plus tranchante que la lame la plus acérée qu’il avait eu l’occasion de forger, Brontès fut pris au dépourvu, il ne savait pas du tout comment aborder ce délicat sujet, sa gêne se matérialisa par un étrange rictus.

« Un instant ma divine sœur, prenant le temps de boire un peu de ce merveilleux vin afin d’égayer nos humeurs.»

L’immortel attrapa son sac qui était posé en évidence sur la table et en extirpa deux coupes en or fabriquées de ses mains .Sur la première était gravée une scène représentant des bacchantes le torse nu dansant autour d’un brasier ardent sous l’œil intéressé d’un centaure éructant, la gravure semblait si réelle qu’on aurait dit que les servantes du dieu du vin tentaient de séduire celui qui scruterait trop le récipient. Le relief de l’autre coupe était moins joyeux, il représentait deux amazones nues mettant à mort un barbare, la première lui transperçant le cœur a l’aide d’une lance tandis que sa consœur l’émasculait avec un glaive, l’homme qui avait tous les attributs d’un colosse semblait réclamer de l’aide à celui qui posait le regard dessus .Ces représentations de femme entièrement dénudées étaient une attention pour les gardes toujours friands de ce genre d’image, mais le Cyclope voulait avant tout représenter la volupté et la cruauté qui pouvait se cacher dans le cœur d’une femme.

Lentement Brontès remplit les deux coupes du vin, il tendit celle qui supportait la mise a mort à L’Érinyes, un choix qui lui paraissait judicieux, puis s’empara de la sienne, après avoir versé une petite quantité du liquide sur le sol en hommage à Zeus, le cyclope la porta à ses lèvres et en but une bonne gorgée. A l’ombre de la guérite le nectar avait conservé sa fraicheur et ses arômes étaient un vrai délice pour le palais. Ceci fait Brontès se sentait enfin capable d’aborder le sujet du jeune Panos.

« Tu es bien digne d’appliquer la justice dans le monde des mortels, tu as clairement vu a travers mes gestes, j’ai remarqué que ton regard vengeur était pointé sur un jeune habitant de cette cité, un jeune homme qui représente beaucoup a mes yeux , je dirais qu’il compte presque comme un fils, accepterais-tu la requête d’une abomination rejetée par son père .»

Sur ces mots le visage de Brontès se crispa, sa poigne se resserra sur la coupe déformant la magnifique gravure, le visage souriant et sensuel des bacchantes se changea pour exprimer de la souffrance et de l’aigreur. Il en était ainsi à chaque fois que le Cyclope faisait allusion à son géniteur et à sa longue période d’enfermement dans le tartare. Comme pour effacer le gout amer d’un fruit pas encore mûr, le forgeron englouti d’un trait le reste de sa coupe avant d’essuyer une larme qui perlait au coin de son œil gauche avec son index.

« Je t’en supplie épargne le jeune Panos.»

Le cyclope essayait de soutenir le regard de la divinité justicière, mais en pure perte, bien qu’il ait voulu s’affranchir des brimades des anciens olympiens déchus, Brontès souffrait toujours d’un complexe d’infériorité face à une déesse aussi ancienne que Tisiphone alors qu’il l’appelait sœur.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 0:55

Tisiphone s’installa en face de son interlocuteur, dans l’attente d’une réponse de celui-ci. Il ne lui répondit pourtant pas immédiatement, mais préféra lui proposer à boire. La déesse ne se braqua pas, et préféra se laisser prendre au jeu. D’autant que ce n’était pas souvent qu’elle avait de la compagnie, et qui plus est une compagnie appréciable. Elle était sûre que la requête de Brontès ne serait pas pour lui plaire, et préférait profiter de ces quelques instants de quiétude. L’air était tiède, et la fraicheur du liquide lui fit le plus grand bien.

Elle admira le travail d’orfèvre sur la coupe avec un sourire d’approbation, avant de la porter à ses lèvres. Ce fût d’un air presque amusé, et à la fois un peu condescendant, qu’elle regarda Brontès verser une partie de son liquide au sol. En l’honneur de Zeus…. Il était plus que grand temps que les cyclopes se prennent en main et cessent de se comporter comme des serviteurs des Olympiens.

Elle porta une nouvelle fois la coupe à ses lèvres, ne prononçant toujours aucune parole. Elle ne souhaitait pas détourner la conversation de son but initial, et était curieuse de savoir si le cyclope allait essayer de tourner encore un peu autour du pot, entièrement détourner le sujet, ou être parfaitement franc et direct à son égard.

Le silence n’avait rien pour gêner l’Erinye, bien au contraire. C’était un repos pour ses sens, habitués à perpétuellement entendre complaintes et supplications. Pourtant, le vin avait le don de délier les langues, disait-on. Une fois encore, le breuvage fit son effet. Brontès avait repris la parole, et la déesse pût constater qu’elle avait visé juste. Elle le laissa s’exprimer sans l’interrompre, et ne reprit la parole que lorsque celui-ci eût conclu son plaidoyer. Ainsi, il connaissait la raison de sa présence, et ne voulait pas qu’elle s’en prenne à sa future victime.

Tisiphone sentit toute la difficulté de Brontès à lui soumettre une telle requête. Et surtout sa difficulté à faire mention de l’ex seigneur des cieux. Des trois sœurs, elle était peut-être, et malheureusement pour elle, la plus sensible aux émotions humaines, en particulier aux émotions liées au sentiment filial. Si elle luttait contre les crimes parricides, c’était qu’au-delà de sa mission, elle jugeait inacceptable que l’on puisse vouer une haine telle à ses géniteurs qu’on en désire leur mort. Il fallait vraiment que la raison en fût particulièrement bonne… et encore, même là la divine vengeresse n’aurait su décider si oui ou non le criminel devait échapper à son courroux.

Elle se redressa, sa coupe en main, et alla s’accouder au parapet, contemplant la foule en contrebas.


- Tu sais aussi bien que moi que je ne peux point faire une telle chose. C'est la Règle. Et je ne te parle pas des lois de ces stupides mortels, je te parle de la Loi, de la Justice, la themis qui seule maintiendra l'équilibre de notre cosmos.

Elle porta une nouvelle fois la coupe à ses lèvres, regardant s'éloigner dans la foule la jolie tête blonde de sa prochaine victime.

- Cette justice immanente, je ne puis m'y soustraire, pas plus que lui ne le pourrait.

Elle reporta alors son regard sur le cyclope et revint s’asseoir en face de lui.

- Telle est ma raison d'être, et tu ne peux l'ignorer. Tout comme ce crime qu'il a commis, envers celle qui l'a fait grandir en son sein.

Elle se pencha par-dessus la vieille table de bois, et redressa du bout des doigts le menton du cyclope, le forçant à la regarder dans les yeux.

- Maintenant, je ne suis point une gorgone, regarde-moi. Et je ne suis point aussi irascible que l’on veut bien le croire. Je me refuse d’accepter les lamentations de ses mortels qui osent vouloir me faire croire à leur innocence quand je sais au fond de moi qu’ils sont coupables. Tu n’as pas daigné faire mention de son crime, ni même osé essayer de l’innocenter, et de tout cela je te suis grée.

Elle acceptait ainsi d’écouter ce que le cyclope avait à dire pour la défense du jeune Panos. Au cœur de sa logique se trouvait la themis, cet équilibre divin permis par la justice seule. On punissait les criminels pour les crimes qu’ils avaient commis, mais l’Erinye était prête à prendre en compte un concept qui n’apparaitrait que bien plus tard sous cette dénomination, celui de « circonstances atténuantes ».

Elle retira sa main de sous le menton du cyclope, et la ramena devant elle, sur la table. Elle croisa nonchalamment les jambes et, se permettant de se saisir de l’outre, remplit leurs deux coupes. Sa voix s’éleva alors une nouvelle fois, tandis qu’elle versait le doux liquide dans leurs récipients finement ciselés.


- Eut-il vraiment fallu qu’il en vienne à une telle extrémité ? Tu n’ignores pas le crime qu’il a commis. Comment espères-tu le justifier, ce garçon que tu appellerais fils si tu en avais l’occasion ? Et qui te dit qu’il ne te ferait pas subir le même sort ?
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 11:14

Brontès observa Tisiphone verser le vin dans les coupes tout en méditant sur ce qu’elle venait de dire, la justice des Érinyes était impartiale, les crimes devaient être punis coute que coute .Une idéologie que partageait à une époque le cyclope, mais ses années à vivre en compagnie des mortels lui ont adouci son jugement. Bien sur qu’il existe des êtres qui ne méritent que la mort, mais un équilibre ne peut être atteint dans ce monde en séparant juste le bien du mal, Brontès pensait souvent qu’il serait devenu lui aussi un de ses meurtriers sanguinaires s’il n’avait pas connu Alexis sa bien aimée, à croire que la frontière entre le monde du bien et celui du mal est aussi épaisse qu’une pièce de soie.

Le Cyclope hocha humblement la tète en signe de remerciement a la déesse, ce n’est pas tous les jours qu’une divinité lui remplissait sa coupe, il en était même gêné.

« En effet rien de justifiait qu’il fasse couler le sang, nous le savons parce que nous avons pu vivre des milliers de vies humaines, les hommes comme certains dieux ont tendance à laisser exprimer leur plus bas instinct au lieu de raisonner.»

La main massive du Fils de Gaia attrapa la coupe et la porta à ses lèvres, une fois que le cyclope eut savouré la boisson toujours fraiche, il reposa bruyamment le récipient sur la table qui grinça de douleur.

« Mais si tu devrais punir quelqu’un, tu devrais punir tous les grands monarques de ce monde qui n’hésitent pas à décimer des familles entières pour étancher avec le sang d’innocents leur soif de conquête, de richesse et de gloire. Ce jeune thébain n’a agi uniquement par amour, pour protéger l’être qui comptait les plus à ses yeux, sa jeune sœur. »

Le forgeron connaissait le contexte familial et social du jeune Panos, il l’observait de loin et avait décidé de ne pas intervenir, mais maintenant il le regrettait .Le père du thébain était incestueux et c’est la cadette de la famille qui en souffrait avec la complicité de l’indigne mère qui détournait le regard, une situation que le jeune thébain croyait terminé quand son père décéda des suites d'une longue et douloureuse maladie, hélas non puisque la perverse mère continua à perpétrer ses obscures pratiques sur sa propre fille . Comment un mortel pourrait résister à l’envie furieuse de mettre fin aux jours de cette dépravée alors que Brontès peinait à calmer sa colère et ses instincts meurtriers, pas étonnant que cela se soit terminé en matricide.

« Je suis le seul responsable de cette tragédie, j’ai assisté sans rien faire au drame que vivait cette famille, persuadé que Panos trouverait de lui-même une solution à ces tracas mais j’ai eu tort.»

Le cyclope soupira en évoquant ces événements, il ne rentra pas dans les détails tant il en souffrait. Le remords et le regret lui rongeaient le cœur.

« Maintenant ma sœur pour répondre à ta question, si un jour un de mes enfants voulait attenter à mes jours, sois sûr que je me trancherais moi-même la gorge, car je ne voudrais pas risquer de blesser involontairement ceux à qui j’ai légué mon sang et ma volonté en me défendant. »

Ces paroles pouvaient paraître fausses, mais l’étincelle qui animait son regard en fixant le visage divin de sa sœur prouvait bien sa sincérité. C’était bien la première qu’il osait faire face à Tisiphone pas de regard fuyant, il la regardait droit dans les yeux tout en cherchant d'autres arguments pour convaincre la Déesse d’accorder son pardon a l’inconscient.

« Je t’en supplie encore une fois épargne le, il a un rôle à jouer en ces temps d’agitation, tes yeux sont ils si aveuglés par l’éclat de la vengeance qu’ils ne voient pas ce fragment d’espérance qui scintille en lui.»

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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 14:29

- Ne viens pas m’apprendre ce que je devrais faire, cher Cyclope. Et si tu fréquentais le Tartare, tu saurais que tous ces grands seigneurs de ce monde dont tu parles y sont réduits à l’état de créatures chétives et suppliantes, qui regrettent désormais amèrement les crimes qu’ils ont commis.

Tisiphone n’avait pas même haussé la voix, mais prononcé ses paroles d’un ton calme et posé. Elle aurait pu s’énerver contre le cyclope qui osait remettre ainsi en question son travail, lui reprochant presque de ne pas l’exécuter correctement. Elle avait senti une sourde vague de colère monter en elle, mais avait su savamment en contenir le flot. Elle comprenait ce que voulait essayer de lui faire comprendre le cyclope, mais n’avait pas particulièrement apprécié sa façon de dire les choses.

Elle se redressa et retourna s’appuyer au rempart, faisant toujours face au cyclope, les bras croisés sur sa poitrine. Une fois que celui-ci eût fini de s’exprimer, la déesse reprit la parole.

- Il y a longtemps que j’ai cessé de voir une lueur d’espérance dans ces maudits humains….

Elle n’insista pas plus sur ces propos. Elle avait perdu tout espoir de voir du bien en eux le jour où elle s’était laissé abuser par les mensonges d’un de ces humains. D’un humain auquel elle avait offert son cœur, et qui l’avait réduit en morceaux. Un humain qui se trouvait désormais au Tartare, comme les autres, à regretter son geste. Une âme qui avait même osé, pour tenter de mettre un terme à ses souffrances, essayait de lui faire croire qu’enfin il comprenait, qu’enfin il avait ouvert les yeux sur la réalité de son amour. Mensonges ! Tout n’était que mensonge. C’était pour cela d’ailleurs qu’elle avait confié à Alecto et Megaera la tâche de s’occuper de ce mortel en particulier, qu’elle n’ait plus jamais à voir son visage.

Son regard s’était vidé l’espace d’un infime instant, avant de se reposer sur son interlocuteur.


- Un rôle à jouer ? De quoi parles-tu donc ? Te serais-tu fais Pythie ? Ironisa la déesse avec un rictus mauvais.

Ecoute-moi, Brontès. Je suis prête à écouter ce que tu as à me dire, mais ne te moque pas de moi. Tu connais la puissance de mon ire divine. Maintenant, cesse de vouloir me prendre par les sentiments, ce n’est pas ainsi que tu pourras me faire ployer.

Les Erinyes étaient connues pour être parfaitement insensibles aux complaintes et aux supplications, et à toute forme de requête qui relevait de l’affect. Par contre, Tisiphone était prête à écouter tout argument rationnel s’il en fût. Protéger sa sœur de ses parents pouvait en faire partie. Mais elle avait besoin de comprendre un peu mieux.

- Par amour, disais-tu ? Explique-moi quel genre d’amour pur et sans retour pourrait justifier un tel acte ? Tu parles d’un drame familial, je veux comprendre, maintenant.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 17:36

Il la sentait cette colère monter chez son interlocutrice, elle grondait en elle et se faisait entendre a travers sa voix, il en était de même pour Brontès, comme un feu peut en alimenter un autre le cyclope sentait l’énervement et l’impatience le gagner petit a petit, était-ce l’allusion au Tartare, sa divine sœur ignorait elle tout du triste sort du Cyclope, a moins que cela avait été dit intentionnellement pour le blesser.

« Ma sœur je connais ta colère mais je ne la crains, dois-je te rappeler qui je suis, je suis Bontés fils de Gaia, Forgeur de la foudre punitive de Zeus, un fils qui a été enfermé dans le tartare uniquement parce qu’il vivait, penses-tu que la crainte d’un quelconque courroux puisse m’émouvoir ? Ne te méprends pas ma divine sœur je te respecte, mais je n’ai pas peur de toi si mes paroles t’ont irrité je te demande humblement pardon.»

Brontès avait dit cela d’une voix calme et apaisante, comme le ruissèlement d’un cours d’eau clair dans les montagnes, inutile d’envenimer la situation d’avantage, il est vrai qu’il ne craignait la colère d’aucun dieu excepté Zeus avant qu’il ne perde ses pouvoirs. Brontès avait toujours respecté les anciens dieux parce qu’il le voulait, malgré le comportement déviant de certains d’entre eux, contrairement aux mortels qui les respectaient par peur d’un divin châtiment.

« Maintenant je vais t’expliquer pourquoi Panos a commis le crime de sang qui motive ta présence ici, Il y a un être qui compte beaucoup pour c’est sa jeune sœur, le malheur a voulu qu’ils naissent d’un père aux mœurs infâmes, toutes les nuits il voyait sa sœur se faire souiller sous le regard complice de sa mère puis qu’en enfin le père trépassa, motivé par des désirs immondes la mère se livra à des pratiques obscènes sur sa propre fille. Comprends-tu mieux ce qui a guidé le bras matricide de Panos maintenant. ?»

Le cyclope se tut en instant, après avoir raconté ce triste récit, une histoire des plus horribles, qui peut expliquer le fatalisme de L’Erinye, par moments les humains pouvaient se montrer si cruels, plus que des bêtes, mais était-ce différent chez les dieux ?

« C’est parce qu’il aimait sa sœur qu’il a souillé ses mains du sang de sa mère, se condamnant ainsi à subir ton courroux. Les hommes ne sont pas tous mauvais, le sang ne coule pas que pour des mauvaises raisons ma sœur !»

Brontès le savait bien, il en avait côtoyé des hommes depuis qu’il avait décidé de vivre parmi eux, certains étaient extrêmement mauvais, d’autres bon et généreux, bien que son avis soit légèrement motivé il était persuadé que les mortels méritaient une autre chance. Panos avait fait un mauvais choix, il avait choisi un chemin uniquement guidé par sa colère, ce genre de sentier mène à la perte et si Brontès n’arrivait pas à convaincre la bienveillante s’en était fini de lui.

Les coudes sur la table, les mains jointes sous son menton, Brontès fixa de nouveau la déesse avec un regard de malice et une expression de satisfaction inhabituelle sur le visage, il avait peut-être trouvé un compromis qui pourrait plaire à la déesse.

« Hum j’ai peut-être un compromis qui nous arrangera tous et si tu le punissais autrement, laisse-moi t’expliquer le fond de ma pensée »

Avec fierté Brontès se saisit de sa coupe pour en boire une bonne gorgée, comme s’il voulait fêter sa trouvaille, seulement est-ce que déesse vengeresse accepte d’écouter les propositions d’un être qui lui était inférieur ?
Tisiphone
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 18:35

Tisiphone ne désirait pourtant pas se brouiller avec le cyclope, mais la conversation avait pris, semblait-il, un tour qui ne convienne ni à l’un ni à l’autre des deux protagonistes. La tension avait dû monter de quelques degrés entre eux. Et le vin qui déliait les langues semblait aussi dans ce cas précis échauffer les esprits. Comme une guerre de territoire, chacun avait réaffirmé ses positions, rappelant son statut et sa puissance. Une fois que ces bases furent de nouveau posées, ils purent calmement reprendre le fil de leur conversation.

La déesse de la vengeance opina du chef pour indiquer au cyclope qu’elle comprenait et acceptait ses excuses. Elle s’empara une nouvelle fois de la coupe de vin et en but une longue gorgée. Elle contempla le liquide à la couleur de sang et le fit lentement tourner, tout en tendant l’oreille à ce que lui exposait Brontès. Assise jambes croisées sur la rambarde, son regard retourna se poser en contrebas sur l’inintéressante vie de cette grande place de marché. Elle apercevait encore les boucles blondes du jeune Panos, qui n’avait de cesse d’aller et venir.

Elle ne prononça pas un mot, méditant les propos du cyclope. Le fait était qu’il avait raison. Ceci pouvait en effet constituer une circonstance telle qu’elle puisse justifier qu’un tel crime soit commis. Les humains étaient plus monstrueux encore que tout ce que l’on pouvait attendre d’eux, ne put-elle pas ailleurs s’empêcher de constater intérieurement. Si en effet ce jeune garçon représentait la lueur d’espoir que Brontès essayait de lui vendre un peu plus tôt, ses parents représentaient l’incroyable noirceur qui régnait en ce bas monde.

Une brise légère se leva et parcourut les remparts, faisant voletant avec légèreté les boucles brunes de la déesse et le drapé de sa longue robe de lin. On aurait presque dit une vraie jeune femme… presque. Rien ne laissait pourtant soupçonner qu’elle était dotée d’une sagesse millénaire, reflet de sa très longue existence.

Tisiphone était prête à donner entièrement raison au cyclope, et prête à lui suggérer de recommander à son protégé de faire les ablutions et les sacrifices nécessaires à calmer la vengeance des Erinyes. Mais alors qu’elle s’apprêtait à lui dire cela, le fils de Zeus lui fit une proposition. Une proposition qu’il caractérisait de compromissoire, et qui lui permettrait tout de même de punir le matricide commis. La déesse garda le silence sur ce qu’elle comptait dire, préférant en premier lieu laisser Brontès s’exprimer.


- Je t’écoute, maître des Forges, qu’as-tu à me proposer ?
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 20:57

Brontès fut heureux de voir que son offre avait suscité l’intérêt de sa divine sœur, le cyclope se leva lentement, son siège poussa un léger crissement de soulagement et tout en parlant à Tisiphone se rapprocha lentement d’elle.

« Fais en ton champion ! »

Le forgeron était arrivé à proximité de la déesse quand il finit sa première phrase, il la fixait de son regard azur amusé .Il avait dit cela comme ci cela paraissait évident, de mémoire Brontès ne connaissait pas de champion a la déesse Chtonienne, alors qu’elle représentait la justice en ce monde. Cette proposition devrait intéresser la déesse vengeresse, du moins il le pensait.

« Je vais m’occuper de ses deux enfants. »

Il était grand temps que son vœu d’ingérence cesse, la responsabilité des deux orphelins lui incombait désormais.

« Je compte confier la sœur à des amis athéniens qui ont feront une jeune femme et lui offriront un foyer chaleureux et peut-être un époux. »

C’était le mieux que pouvait espérer le Cyclope, pour cette jeune fille dans l’hymen avait été souillé alors qu’elle n’avait pas encore atteint l’âge de l’adulte. Brontès se pencha et observa la foule au pied du rempart .Il put constater que les mortels vivaient en parfaites insouciances, s’il savait qu’une des bienveillantes foulait en ce moment le même sol qu’eux quelles têtes feraient il. Le regard du forgeron redevint grave quand il se posa sur le pauvre Panos qui semblait errer comme une âme en peine au milieu des citadins.

« Quant à Panos je m’occuperais personnellement de lui, je lui apprendrais à discerner le bien du mal, je lui enseignerais comment utiliser les armes et son intelligence, je forgerais des armes qui serviront qu’a faire couler le sang des mortels qui ont le cœur sombre plus noir que la laine des agneaux qu’on sacrifie sur ton autel, en échange de sa vie , il t’en donnera cent autres.»

Telle était la solution que Brontès avait trouvée, ce n’était pas du marchandage, juste un échange équitable, pour le cyclope punir un criminel n’était pas suffisant, il fallait pour expier un péché le réparer, celui qui brisait un mur devait en construire un autre bien plus haut et résistant, celui qui tuait une vache devait en fournir un troupeau .Panos n’avait pas le pouvoir de ressusciter les morts alors il devra dédia sa vie à la justice.

« Alors divine sœur est-ce que cela te satisfait ? »

Tisiphone
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyDim 5 Déc 2010 - 23:52

- Mon champion ?! C’est la chaleur de tes fourneaux qui t’a fait tourner la tête, maître des forges ? S’exclama la divine Erinye, certaine que Brontès ne pouvait être sérieux.

Elle sauta de son rebord et se redressa de toute sa hauteur, tandis que le cyclope s’était approché d’elle pour lui déclamer son propos. Il ne pouvait point être sérieux ! Et pourtant, la lueur au fond de son regard semblait indiquer qu’il était parfaitement sincère. La folle idée eût tôt fait de se mettre à faire son chemin dans l’esprit de la déesse qui cherchait encore à se persuader que le cyclope était tombé sur la tête. Avoir un champion. C’était bien un jeu d’olympiens et de titans, tout cela. Seuls ces dieux là, qui se faisaient la guerre entre eux, étaient contents d’avoir des champions pour les représenter, pour ne pas qu’ils aient à se faire face directement.

Brontès continuait sa diatribe, expliquant ce que serait le sort des deux enfants, puisque c’étaient encore des enfants, si la déesse acceptait la proposition qu’il lui faisait. Mais Tisiphone ne l’écoutait déjà plus que d’une oreille. Son esprit s’était mis à errer, rêvant à toutes les potentialités qu’une si folle idée lui offrirait. Un serviteur sur terre, qui serait entièrement dédié à sa cause. Elle fût rappelée à la réalité par la question que lui posa alors le forgeron des dieux. Elle fit quelques pas, dans un sens et dans l’autre, comme si elle cherchait ses mots. Un sourire presque machiavélique vint s’afficher sur ses lèvres.


- J’en pense que… l’on devrait soumettre l’idée à ton protégé, ne crois-tu pas ?

En même temps qu’elle prononça la fin de sa phrase, la déesse s’éclipsa pour reparaître quelques secondes plus tard, en compagnie d’une tête blonde à l’air tout bonnement terrifié. Il tomba au sol, atterrissant sur ses genoux, et la déesse s’écarta de lui, pour mieux pouvoir le contempler. Effectivement, il n'y avait qu’à le voir pour comprendre que ce n’était pas plus qu’un simple gamin.

Tisiphone se plaça entre Panos et Brontès, empêchant ainsi ce dernier d’intervenir, pour venir à l’aide du jeune garçon. Elle lui fit d’ailleurs signe de ne pas s’approcher.


- Sais-tu qui je suis, chétif mortel ?

Les serpents traditionnellement enroulés autour de ses bras lorsqu’elle était sous sa forme originelle firent leur apparition et persiflèrent avant de disparaître de nouveau. Panos secoua la tête frénétiquement pour lui faire signifier que oui.

- Tu dois donc savoir exactement pourquoi je suis ici, poursuivit-elle de sa voix glaciale.

Le jeune garçon n’avait pas osé se redresser, et était toujours sur les genoux, ses paumes de main posées au sol devant lui, et la tête baissée comme en signe de repentance. Il hocha de nouveau la tête, évitant scrupuleusement de croiser le regard de la démoniaque créature.


- Sais-tu qui il est, lui ? Demanda-t-elle alors en indiquant clairement Brontès du doigt.

Le jeune homme leva les yeux en direction de l’imposante silhouette de Brontès, et eût le regard presque désolé de celui qui aurait bien aimé le savoir mais ne parvenait plus à s’en rappeler. Sous leur apparence humaine, il était clair qu’il était beaucoup moins aisé de reconnaître des créatures telles que le cyclope ou l’Erinye.


- Voici celui qui vient de te sauver la vie ! S’exclama alors la déesse d’une voix tonitruante.

Comme toutes les divinités, elle avait un certain attrait pour la dramatisation. Rien de tel pour accentuer l’effet de ses paroles et surtout s’assurer que le mortel l’écouterait bien jusqu’au bout. Et puis, il fallait bien l’admettre, cela faisait partie du folklore et était presque un jeu pour la déesse vengeresse.


- Et alors, ne t’a-t-on rien appris, simple mortel ? Ne devrais-tu pas remercier le seigneur qui vient de sauver… ta pauvre âme ?

Tisiphone lança un regard presque amusé en direction de Brontès, que Panos ne pouvait remarquer. C’était en quelque sorte sa façon de le remercier, en lui accordant l’heure de gloire à laquelle il n’avait certainement jamais eu droit.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyLun 6 Déc 2010 - 14:27

La déesse comme un mirage en plein désert avait disparue de son champ de vision, Brontès constata qu’elle avait mis en œuvre ses paroles, devant lui se tenait prostré le jeune Panos et pour ajouter à son effroi, Tisiphone lui révéla momentanément sa véritable apparence .Le cyclope voulait arrêter cette mise en scène, mais l’attitude de la déesse était très claire, il ne devait pas intervenir. Impuissant il assista à la scène, adossé a un des murs de la guérite les bras croisés, silencieusement, dès que l’envie lui prenait de vouloir faire résonner le son fracassant de sa voix il se mordait le coin des lèvres afin de ne pas déranger l’Erinye . Le pauvre Panos n’avait même pas le courage de parler, il était face à celle qui était son juge, jury et bourreau, résigné à subir le châtiment divin pour le crime de sang qu’il avait commis.

En réponse du sourire approbateur de Tisiphone, Brontès inclina humblement la tête vers le sol en ferment les yeux .Lentement il se redressa et se dirigea vers la table où il avait laissé sa coupe, il en reversa dedans un peu de vin et se dirigea vers Panos toujours à genoux.

« Pauvre fou »

Dit-il d’une voix compatissante, en s’accroupissant. Il posa un regard paternel sur la tête Blonde qui fixait le sol poussiéreux de la pièce en guise de pénitence. Brontès lui ébouriffa sa belle chevelure qui semblait était du même métal que la coupe qu’il lui présentait.

« Tiens bois en un peu. »

Le ton employé par le cyclope n’était pas directif, mais pourtant le jeune Panos s’exécuta comme s’il s’agissait d’un ordre seigneurial et en bu une petite gorgée.

« Jeune Panos, nous avons débattu sur ton sort, le crime que tu as commis est grave même si tu n'as agi que pour le salut de ta sœur, la déesse de la vengeance veux bien t’accorder sa clémence, mais sache que tu dois quand même faire pénitence pour ton crime. »

Brontès posa sa lourde main sur la nuque du thébain et continua.

« Tout dépend de la réponse que tu vas donner à l’Erinye, mais je te préviens n’espère pas duper nos oreilles avec quelques mensonges inutiles. »

Pour ponctuer sa phrase il se tourna en direction de sa sœur, c’était à elle maintenant d’exposer les conditions pour le salut de l’âme du jeune homme.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyLun 6 Déc 2010 - 17:54

Le jeune garçon avait l’air de celui à qui le ciel venait de tomber sur la tête. Mais quelque chose au fond de son regard semblait dire qu’il avait attendu que ce moment arrive, et que c’était en toute conscience qu’il avait commis son geste et était prêt à en accepter la punition divine. Une telle maturité était impressionnante, notamment au regard du jeune âge de Panos, mais aussi et surtout au regard de ce que très rares étaient les criminels qu’elle avait punis qui avaient un tel air de repentance dans les yeux. Mais au-delà de ce cruel fatalisme, il dégageait l’aura de celui qui ne craignait pas la mort ni le tourment car il les attendait. Et cela, aux yeux de la déesse, était la véritable signification du terme courage. Ce n’était pas à un simple couard qu’elle avait à faire, mais il semblait y avoir en ce jeune garçon un véritable potentiel.

Peut-être Brontès avait-il véritablement raison. C’était d’ailleurs pour cela qu’elle avait décidé de suivre l’idée du cyclope plutôt que de ne s’en tenir qu’à sa décision initiale. Le garçon s’était en quelque sorte posé en défenseur du faible en voulant protéger sa jeune sœur, il avait lutté contre la tyrannie d’être aux mœurs exécrables. La déesse se fit d’ailleurs la note mentale d’aller rendre une visite toute particulière aux parents de Panos et de sa sœur, qui devaient d’ailleurs déjà se trouver dans le Tartare, si elle en croyait la sagesse du verdict des Trois Juges.

Elle se recula de quelques pas et regarda le cyclope prendre le relais, affichant une mine satisfaite, et l’esquisse d’un sourire s’étirant sur ses lèvres. Si on devait passer un accord, toutes les parties devaient s’engager à respect leur arrangement, et à en juger par l’attitude du forgeron, elle était certaine que lui tiendrait parole. Elle ne savait pas exactement quel lien attachait le cyclope au jeune garçon, mais il était évident qu’il ressentait une profonde affection à son égard.

Brontès lui retransmit le flambeau de la conversation. La déesse fit quelques pas en avance, reprenant le devant de la scène. Elle ne s’empressa pas de reprendre la parole, savourant les pauses dans le discours. La déesse tendit le bras et fit un léger signe de la main, ouverte paume vers le ciel, l’agitant légèrement vers le haut.


- Redresse-toi, jeune thébain.

Le garçon s’exécuta sans broncher.

Tisiphone s’approcha encore, et prit Panos par le menton. Il n’y avait rien d’agressif dans son geste. Elle avait la minutie de celle qui examinait l’objet de son intérêt avant de vouloir en faire l’acquisition. Elle lui tourna le visage des deux côtés, le détailla de haut en bas et fit le tour du garçon pour conclure son examen. Certes, on n’était pas dans la carrure d’un Hector ou d’un Jason, mais il ferait l’affaire.


- Il devrait convenir, lança-t-elle alors en direction de Brontès.

La déesse revint prendre place face au garçon, et prit de nouveau la parole.


- A compter de ce jour, tu seras connu comme le champion de la déesse infernale de la vengeance.

Elle lui laissa quelques secondes, le temps d’encaisser cette nouvelle, et poursuivit comme on énonçait les conditions d’un contrat. Car il s’agissait bel et bien d’une sorte de contrat qu’on lui proposait ici.

- Brontès ici présent deviendras ton mentor et ton maître d’arme. Ta sœur sera aussi prise en charge et accueillie par une famille qui la traitera comme elle le mérite. J’ai le pouvoir d’effacer les horreurs qu’elle a subi, mais en contrepartie, tu devras aussi être effacé de son souvenir. La raison devrait te faire comprendre que c’est pour sa propre sécurité.

La déesse avait en effet accès aux eaux du Léthé, le fleuve où les âmes s’abreuvaient avant de pouvoir aller rejoindre un nouveau corps. Elle y avait réfléchi et pensait que c’était ce qu’il y avait de mieux. Cela éviterait par ailleurs de faire entrer trop d’humains dans cette connivence. Pour l’instant, elle préférait que tout cela ne s’ébruite pas, pour la santé même du thébain.

- Oh, et j’allais oublier, ajouta-t-elle avec un soupçon d’ironie, tu n’omettras point le sacrifice que tu me dois pour ma miséricorde. Je laisse aux bons soins de ton nouveau maître de t’enseigner tout cela.

Elle accompagna son propos d’un geste de la main en direction du cyclope.

- Alors, qu’en dis-tu, mortel ?

Elle était parfaitement conscience que ce n’était pas tant un choix qu’un véritable ultimatum qu’elle lui posait. Accepter ses conditions et s’asservir à la déesse, ou subir le divin châtiment et abandonner sa sœur, la laissant seule au monde. Certes, elle n’avait pas prévu de damnation pour le jeune thébain, mais cela, il l’ignorait. Elle se doutait de ce que serait sa réponse, puisqu’il ne pourrait faire que ce qu’il y avait de plus sage.

- J’attends ta réponse, que tu la clames haut et fort. Que celle-ci ait valeur de serment, et que tu sois damné si tu viens à le briser.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyLun 6 Déc 2010 - 22:25

Brontès regardait avec attention la scène, la petite étincelle d’espérance qui scintillait à peine dans le cœur du garçon était attisée par les paroles de la Déesse, elle se renforçait, le cyclope en était sur cette étincelle deviendra bientôt un brasero vers qui les hommes se tourneront un jour et c’était à lui de faire en sorte de préserver ce tison jusqu'à ce qu’il soit assez fort.

« Allons ! Mon garçon il ne faut pas faire attendre une Déesse, donne ta réponse »

Panos tremblait de tout son être comme un cyprès assaillit par le vent d’hiver, mais sa voix était nette et sans faiblesses tout comme l’était son esprit en ce moment présent, il n’y avait aucune trace de crainte ou d’hésitation quand il acquiesça d’une voix haute et intelligible.

« Je fais le serment de servir Tisiphone, la déesse de la vengeance »

A ces mots le cyclope éclata de rire, le son tonitruant de sa voix fit trembler les murs du rempart, c’était un rire d’allégresse, cela faisait longtemps que l’hilarité ne s’était pas emparée de lui. Il enlaça virilement le jeune garçon qui devint rouge sous la pression des bras musclés du forgeron.

« Va donc présenter tes respects a ta maitresse, Panos Tisis car tel sera ton nouveau nom en l’honneur de Tisiphone celle que tu serviras jusqu’a ce que la mort t’appelle. »

D’une simple pichenette le cyclope poussa, le jeune garçon aux pieds de l’Erinye, c’est comme s’il avait grandi en l’espace d’une journée, le manteau douillet de l’enfance l’avait quitté et il s’apprêtait à revêtir la rugueuse cuirasse de l’âge adulte, une cuirasse que renforcera Brontès avec ses enseignements.

Le cyclope salua de nouveau Tisiphone en inclinant humblement la tête, un salut pour lui montrer sa gratitude d’avoir épargné ce mortel si cher à ses yeux, un salut pour manifester le profond respect qu’il éprouve pour sa divine sœur, bien que les esprits furent légèrement échauffés durant la conversation. Demain le forgeron en guise de remerciement ira collecter le minerai le plus pur pour ériger une statue a la gloire de Tisiphone,il la consacrera par le sacrifice d’une hécatombe d’agneaux au lainage plus sombre que la nuit.
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MessageSujet: Re: {fini} Plaidoiries sur les remparts {fini} Plaidoiries sur les remparts EmptyLun 6 Déc 2010 - 23:11

La déesse avait tout son temps, mais c’était cette fois à Brontès de faire montre d’impatience. Le garçon était-il simplement sous le choc provoqué par tant d’informations, sous le choc du bouleversement de toutes ses certitudes ? Après tout, il s’était senti venu ici pour mourir. Ou aurait-il l’audace de véritablement méditer les propos de la déesse pour refuser sa proposition ? Quoiqu’il en fût, Tisiphone prit le parti de croire en un abasourdissement lié à tout ce qu’il venait d’apprendre en l’espace de quelques minutes à peine. Un nouvel univers s’ouvrait un lui. Il était compréhensible qu’un si chétif humain puisse être accablé par tout cela.

Il ne lui avait manqué que le petit coup de pouce que lui avait donné Brontès pour rassembler tout son courage, et se redresser de toute sa hauteur pour prêter le serment de servir la déesse. Cela aurait pu être un moment tout particulièrement solennel si le cyclope ne s’était pas alors mis à rire bruyamment. La déesse ne pût s’empêcher de se laisser aller à un sourire en coin. Elle ne se mêla pas aux effusions et resta droite et stoïque, drapée dans toute sa gloire et sa puissance.

Brontès repoussa le jeune blond vers la déesse, lequel manqua de trébucher sous la poigne du colosse qu’il était. Tisiphone rendit son salut au maître forgeron, et reporta ensuite toute son attention sur le garçon qui semblait encore avoir du mal à comprendre ce qui lui arrivait, et surtout toute l’ampleur de la décision qu’il venait de prendre.


- Donne-moi ton bras, lui enjoignit-elle en tendant elle-même sa même droite, paume levée au ciel.

Elle attendit que Panos pose sa main dans la sienne, et enroula ses doigts autour de son poignet, comme dans une poigne de guerriers. La déesse le maintint alors fermement, de sorte qu’il ne puisse quitter son emprise, sans pour autant lui faire mal. Un des serpents qui enroulaient traditionnellement les bras de la créature fit son apparition, comme un peu plus tôt, lorsqu’elle avait voulu rappeler au garçon à qui il avait à faire. Celui-ci eût un mouvement de recul, mais telles les serres d’un rapace, les doigts de la déesse s’agrippaient à son avant bras. Le reptile se redressa, paré à l’attaque et, foudroyant, se jeta sur l’avant-bras du garçon avant de reprendre sa position initiale.

Le garçon se sentit envahir par une douleur fulgurante, comme si les flammes de l’enfer le rongeaient de l’intérieur, irradiant de son avant-bras et se répandant à travers ses veines, jusqu’à son épaule et dans tout son torse. La déesse le tenait toujours fermement, cette fois non pas tant pour l’empêcher de fuir que pour l’empêcher de s’écrouler.


- Encore un instant, souffla-t-elle, plus pour elle-même que pour lui.

Tisiphone sentit la vie du garçon s'étioler entre ses doigts fins. Elle approcha alors son visage du bras du jeune thébain et posa ses lèvres sur la plaie rougeoyante qui déjà avait commencé à noircir et se nécroser à cause du venin. Aussi soudainement qu’elle était apparue, la douleur s’estompa. C’était comme si un courant frais avait chassé toutes les flammes de son organisme. Il se sentit revigoré, et même mieux encore. Une sorte de sentiment de puissance l’envahit.


- Ta vie m’appartient, désormais. Soit mon champion et fais-moi honneur. Voici un tribut qui te rappellera à mon bon souvenir. Sache que si je t’ai ainsi concédé une partie de ma puissance, je pourrai tout aussi aisément la récupérer. Souviens-toi toute ta vie du serment que tu as prêté, car la seconde même où tu me trahiras tu subiras mon cœur, et les flammes qui se répandaient dans tes veines il y a encore quelques instants de cela auront raison de toi.

La déesse relâcha le bras du garçon qui prit une grande inspiration, comme pour reprendre son souffle après une telle expérience. Il porta une main à sa poitrine pour calmer son cœur qui battait la chamade, puis fit glisser ses doigts avec fascination sur la cicatrice qui marquait son avant-bras. Un sourire fier et à la fois profondément satisfait s’étira sur ses lèvres. Cette apparence satisfaction n’était en fait rien d’autre que le bonheur de savoir que sa sœur aurait enfin droit à l’existence qu’elle méritait.

La déesse comptait tenir parole sur tout ce qu’elle avait promis au garçon. Tisiphone porta la main à sa ceinture, sous un repli de son chiton et en extrait une minuscule fiole de cristal et d’argent finement ciselé. A l’intérieur de celle-ci, on pouvait entre-apercevoir quelques gouttes d’un étrange et fascinant liquide aux reflets blancs nacrés.


- Donne-moi ton bras, lui ordonna-t-elle encore.

Il hésita une fraction de seconde, mais tendit tout de même le bras en avant. La déesse lui tourna la paume face au ciel, y posa la fiole sibylline, et lui fit replier les doigts autour de celle. Elle le fixa d’un air entendu, et il sembla saisir ce dont il s’agissait. Elle remplissait sa propre part du contrat en respectant sa promesse. Quelques gouttes des eaux du fleuve Léthé feraient oublier à la blonde Irène tous ses malheurs.


- Rentre chez toi, maintenant. Va faire tes adieux à ta sœur. Demain, elle ne se souviendra de rien.

Une pause.

- Demain sera le premier jour de ta vie.

Sur ces paroles, la divinité s’éclipsa, laissant le garçon seul et abasourdi sur les remparts de la cité désormais presque déserte.

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{fini} Plaidoiries sur les remparts

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